Après avoir évoqué « Les Accords de Nouméa » place cette fois-ci à la partie culturelle. Car la Nouvelle-Caledonie est riche de culture et de savoir. L’art Kanak n’est plus à démontrer. Et pour apprendre sur la culture locale le mieux est d’aller du coté du Centre Culturel Tjibaou. Ce dernier est une mine d’information pour comprendre la Nouvelle-Caledonie et ces premiers habitants les Kanak.
Quelle est la signification du terme « Kanak »
Mais alors que tout le monde évoque la population « Kanak » en Nouvelle Calédonie, qu’est ce que veut dire ce terme? « Kanak » vient de l’hawaïen Kanaka, et oui quelle surprise, signifiant « homme » ou « être humain ». Ce terme va se généraliser au 19eme siècle avec la multiplication des navigateurs et marchand venus d’Europe. En anglais ont parle de Kanaka et en français de Canaque, l’ensemble de l’Océan Pacifique pour designer sa population autochtones. Ce terme lié au temps de la colonisation va prendre petit a petit un sens plus ou moins péjoratifs pour désigner que la population autochtones de Nouvelle Calédonie. Il n’y a qu’a regarder une BD de Tintin, ou le capitaine Haddock utilise ce terme pour profaner des injures. Vers les années 1970, la population locale de Nouvelle Calédonie se réapproprie le terme sous l’écriture « Kanak ». Actuellement le terme Kanak a une charge identitaire bien forte sur l’île de Nouvelle Calédonie. Le terme Kanak est devenue le symbole des revendications culturelles mais aussi politique des néo-calédoniens.
Au passage l’analyse du terme «Kanak » selon les années est interesssant.
1970 : Le mot est orthographié Canaque(s)
Milieu des années 70 avec les revendications identitaires, le terme est orthographié kanak(es)
Dans les années 80 pendant les grandes tensions le terme s’écrit kanak. Il devient invariable.
Depuis 2010 et seulement en Nouvelle Calédonie, le terme s’écrit Kanak avec un « K » majuscule ! Alors que dans les Accords de Nouméa en 1998 il s’écrit kanak, le mot étant invariable mais sans majuscule.
On peut donc dire qu’il est bien difficile de donner une orthographe au mot « Kanak » , personnellement je préfère l’écrire avec un « K » majuscule. Mais de toutes évidence le terme « canaque » est délaissée car trop connoté péjorativement. C’est marrant cette évolution du terme.
La culture Kanak
En arrivant en Nouvelle-Calédonie, vous allez entendre très vite parler de la « coutume ». Cette dernière étant un ensemble de règles et surtout de rituels respectés par des clans regroupés autour d’un chef. Souvent en lisant les guides de voyage, il y a écrit: « N’oubliez pas de faire la coutume devant le chef« . Faire la coutume consiste à un acte de respect avec la personne que vous avez en face. Il s’agit d’un geste symbolique. Certains donnent alors un petit billet, mais aussi un paquet de cigarette ou un bout de tissus, vous expliquez alors pourquoi vous etes ici et si vous pouvez demander a être accueillit dans la tribu. La coutume est toujours une règle très importante en Nouvelle-Calédonie. Tout événement important tels que les mariages, célébration des ignames, deuil, donnent lieu à des regroupement de clans pouvant accueillir plus de 100 personnes. Les responsables coutumiers, prononcent donc des discours et évoque l’historique de leurs clans.
Outre la coutume, le rapport avec les ancêtres en Nouvelle Calédonie est aussi très important dans leurs cultures. Toutes décisions ne saurait aboutir sans l’accord des ancêtres. Il y a donc des rituels très présents. Mais aussi la nature qui y est vénéré.
Concernant l’art Kanak, il est à noter que cet art varie très sensiblement d’une île à l’autre. Il est différent sur la Grande Terre (Île ou se trouve Nouméa) que dans les îles Loyautés (Lifou, Ile des Pins, Mare, Ouvea). D’après wikipedia que je cite : « L’art Kanak se rattache au domaine artistique mélanésien. Le nez, élément culturel et symbolique d’importance, est souvent mis en valeur. Les maisons cérémonielles constituent des chefs-d’œuvre d’art Kanak : les chambranles de porte sont très travaillés avec des figures d’ancêtres protecteurs. On trouve aussi une flèche faîtière (voir photo) souvent très ornées car elle est le symbole de la tribu apportant protection et conseil et devant repousser les ennemis (humains comme esprits) ».
Le Centre Culturel Tjibaou
Ce centre culturel est un hommage à Jean Marie Tjibaou, leader indépendantiste Kanak qui fut sauvagement assassiné en 1989. Après les tensions suite à la prise d’otage d’Ouvéa, des négociations ont été ouverte sur une éventuelle indépendance de la Nouvelle Calédonie que l’on nomma les Accord de Matignon. Dans ces accords, les indépendantistes avaient demandé aux autorité française de bien vouloir ouvrir un centre culturel consacré à la culture Kanak. Cette demande fut accepté et la décision de construire le centre culturel fut inscrit dans les Grands Travaux de la république. Les travaux ont commencé en 1995 pour se terminer en 1998. Le lieu ou se trouve le centre culturel n’est pas anodin. Il se trouve sur la presqu’ile de Tina à l’Ouest de Nouméa entre montagne, mer et lagune protégée. L’objectif du centre est de promouvoir la culture Kanak. Mais pas seulement. En effet, le champs est plus large avec la promotion de la culture Kanak et océanienne ainsi que la création artistique avec différentes activités comprenant des expositions tels que la musique et la danse notamment.
C’est l’architecte Renzo Piano qui sera responsable du projet. Le centre est d’une superficie de 6 970m2 et s’étend sur 8 hectares. Il se compose de 3 villages qui regroupent 10 cases. Pourquoi une telle architecture ? Piano a en faite compris que l’un des caractères fondamentale de l’architecture Kanak était le chantier : le « faire » est aussi important que le »fini ». Il écrit dans son carnet de travail : « j’ai pensé, dès lors, développer l’idée de chantier permanent, ou plutôt d’un lieu ayant apparence d’une chantier « non fini ».
C’est donc un endroit exceptionnel pour apprendre sur l’art et la culture Kanak. Personnellement j’y suis resté toute une apres-midi.
Yohann Taillandier