Hanoi est sans conteste une capitale à part dans le Sud-Est Asiatique. La capitale du Vietnam a connu différents moments dans son histoire comme l’arrivée des migrations chinoises ou l’arrivée des colons français qui ont donné à Hanoi un caractère bien particulier. Je vous laisse voyager dans ce vieux Hanoi chargé de comtes et d’histoires.
Le Vieux quartier d’Hanoi
A la fin du 10ème siècle le Vietnam accède à une indépendance fragile vis-à-vis de la Chine. En 1010, le roi LY THAI TO déplace sa capitale à Hanoi idéalement placé entre les routes maritimes et terrestres. La nouvelle capitale du Vietnam est appelée Thang Long qui signifie « la ville du dragon qui s’élève ». La ville se divisait en deux parties: la citadelle où se trouvait le siège du pouvoir impérial et la cité marchande. Au 17eme siècle un développement urbain sans précédent et l’allégement du contrôle de l’État sur le commerce activent la migration des artisans spécialisés vers la ville. Les quartiers des corporations se structurent, ces derniers sont fermés par des portes, possèdent leurs propres temples et leurs maisons communes. Chaque quartier est spécialisé dans la vente d’une marchandise dont il porte le nom. On retrouve encore actuellement la trace de cette configuration dans les noms des rues qui indique la marchandise produite et vendue dans le quartier.
Les constructions qui au départ ne sont que des boutiques le long des rues gagnent peu à peu en profondeur. Les bâtiments étant tracés sur la largeur de la façade, les habitants s’étendent en profondeur. C’est ainsi que sont nées les maisons-tubes à 1 ou 2 étages qui se caractérisent par sa forme étroite et profonde et par une succession de cours et bâtiments.
Le vieux quartier d’Hanoi est appelé le « quartier des 36 rues et corporations » il constitue une partie importante de la formation de la ville. Ce quartier des 36 rues s’est développé entre les rives du fleuve rouge et de la citadelle Royale, cela donnait une situation idéale pour les transactions commerciales.
Hanoi sous la France coloniale
En 1802, la ville de Hué dans le centre du Vietnam devient la capitale. Hanoi n’est plus le centre politique du pays. Le quartier de la citadelle connaît très rapidement une dégradation lorsque les hauts dignitaires quittent Hanoi. Tandis que le quartier commerçant des 36 rues a continué à se développer. A la fin du 19eme siècle les français décident de faire table rase de l’histoire d’Hanoi. Ils n’ont qu’une idée: la densification de la ville, lac et canaux sont remblayés afin de rendre de vastes terrains du centre constructibles. De nouvelles rues sont créées et les anciennes sont élargies. En détruisant les portes qui séparaient et identifier les différents quartiers, les Français anéantissent la structure de « village urbain ». Le touriste que je suis ne peut que condamner ceci.
L’architecture se modifie en profondeur. Les auvents des maisons traditionnelles vietnamiennes qui faisaient office de commerce sont détruites. Une architecture européenne apparaît avec l’émergence du béton et de la brique.
La prison d’Hanoi, mémoire du colonialisme français
Créée par les autorités coloniales françaises en 1886 la prison de Hai Lo est devenue un musée depuis quelques années. C’est un lieu unique où le lourd passé coloniale français vous « pète à la gueule ». Le nom Hai Lo signifie en français » le trou de l’enfer » ou « fourneau », il y a très certainement un lien avec le nom de la rue et des magasins vendant des fours à bois ou des fourneaux à l’époque de l’arrivée des Français. Mais durant le temps de la colonisation le nom de la prison était tout simplement « Maison Centrale ». Elle était destinée à l’enfermement des prisonniers vietnamiens essentiellement politique et pour l’indépendance du Vietnam. Les prisonniers étaient le plus généralement torturés et exécutés (difficile d’écrire, la France aussi a une histoire bien noire).
En 1913 la prison connaît une grande rénovation. L’avantage de cette dernière est sa capacité qui va devenir plus grande. Ainsi la prison passe de 400 à plus de 600 prisonniers. Mais la surcapacité n’est pas le mal d’aujourd’hui. EN 1916 la prison comptait déjà plus de 730 prisonniers! Un chiffre qui sera en augmentation constante, c’est ainsi qu’il y avait en 1922 plus de 895 prisonniers et le chiffre terrifiant de 1430 est atteint en 1933! Les conditions devaient être horribles!
Lorsque les premiers troubles d’indépendance arrivent dans les années 50, la prison compte plus de 2 000 prisonniers. Elle deviendra le symbole du colonialisme français sur le Vietnam et de l’amertume des prisonniers et de leurs familles envers la France. Il est intéressant de voir que beaucoup de prisonniers vont se donner des informations importantes et une partie des guerre futures se jouera ici. Lorsque l’on met tous les indépendantistes ensembles qu’est-ce qu’ils font? Ils se donnent bien évidemment des informations. Lorsque tu sais que DAESH a été crée dans les prisons irakiennes, tu te dis que les Américains n’ont pas dù regarder dans le rétroviseur du passé.
Après la défaite de Dien Bien Phu, et les accords de Genève en 1954 qui clôt la fin de l’Indochine et de la présence au Vietnam, la prison devient un centre d’enseignement pour la doctrine révolutionnaire.
Durant la guerre opposant le Vietnam aux USA, la prison est redevenue une prison mais cette fois-ci ce sont les soldats US qui y sont restés détenus. Ces derniers non sans humour ont surnommé la prison « Hanoi Hilton » en référence à la chaîne des hôtels Hilton.
Aujourd’hui la maison est donc devenue un musée. La visite commence par une maquette de la prison du temps de la colonisation. Puis très vite l’on peut voir les différentes pièces où les prisonniers étaient parqués. Cela est très émouvant. Tu imagines parfaitement leurs détresses. Surtout quand leurs causes sont louables. Tu visites aussi la partie des prisonnières. Et oui, il y avait aussi des détenues de la gent féminine. Et là le choc est encore plus dur. Les prisonnières avec leurs bébés. Des conditions qui vous donnent envie de hurler. Je ne parle même pas des exécutions que les autorités françaises ont faites.
Il y a une partie du musée qui est aussi consacrée aux héros vietnamiens de l’indépendance et ceux qui ont été exécutés dans la prison. Dans ce cas il n’est pas évident d’être neutre et les autorités vietnamiennes jouent sur la corde nationale et de la propagande. Je ne dis pas que les informations sont fausses mais cela est écrit d’une telle façon que la fibre nationale vietnamienne joue a plein poumon. Enfin dans l’une des dernières parties du musée vous pouvez retrouver différentes photos des soldats US y emprisonné ici. C’est un musée que je conseille très fortement pour comprendre Hanoi d’aujourd’hui en regardant le rétroviseur du passé.
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Yohann Taillandier